On sait à quel point le jeu est fondamental dans le développement de l’enfant, dans la mesure où, en tant qu’activité culturelle, il ouvre à des espaces d’expériences et de connaissances autres que les actions quotidiennes. Que ce soient les jeux symboliques, les marionnettes, les comptines ou les jeux de sociétés, pratiqués sur table ou sur ordinateur, ceux-ci constituent pour l’enfant le moyen par excellence pour construire sa personnalité, appréhender le monde qui l’entoure, et développer des compétences langagières.
C’est pourquoi, le jeu constitue un tremplin particulièrement intéressant pour développer les com-pétences en lecture des apprenants. Les jeux de société comme les jeux numériques nécessitent des compétences en lecture – pour comprendre par exemple les règles du jeu – que le jeune joueur va justement développer en jouant. Le jeu permettrait notamment aux faibles lecteurs – en particulier les garçons – de s’immerger dans des mondes qu’ils ne sauraient pas explorer par la lecture seule, et d’acquérir ainsi des compétences leur permettant ensuite de s’immerger plus facilement dans les mondes des livres et corrolairement dans les différents genres littéraires présents à l’école. Corollairement, les approches ludiques de l’écriture peuvent être stimulantes pour le jeune scripteur, dans la mesure où elles lui permettent de développer, non seulement son imagination, mais aussi sa maitrise de la langue et sa capacité à jouer avec celle-ci. Plus
Dans le présent numéro thématique de Forumlecture.ch, divers auteurs de langue allemande et française nous invitent à découvrir de quelle manière le jeu peut contribuer au développement des compétences littéraciques des apprenants.
La contribution d'Achim Brosziewski s'interroge sur les enchevêtrements du jeu littéraire dans les textes de fiction et les biographies.
Jan M. Boelmann et Lisa König s’intéressent aux narrations interactives de jeux informatiques et à leur potentiel pour développer les compétences littéraires des joueurs.
Le jeu scénique avec ses diverses possibilités de développement du langage, ainsi que des projets didactiques dramatiques exemplaires sont au centre de la contribution de Katrin Anne Geneuss.
Barbara Jakob et Barbara Schwarz posent la focale sur « LiteraturLabor », un nouveau cours proposé par l'Institut suisse des médias pour enfants et adolescents (SIKJM), qui vise à promouvoir la médiation ludique de la littérature à l'âge primaire dans les bibliothèques publiques.
Ariane Teodoridis, Alexandre Fetelian et Nicolas Perrin s’intéressent aux possibilités que le livre augmenté offre au lecteur, en l’invitant notamment à construire son propre itinéraire de lecture, linéraire ou non-linéaire.
Bruno Védrines montre de quelle manière la théorie élaborée par L.S. Vygotskij à propos de l’imagination constitue une contribution éclairante pour comprendre le phénomène du développement psychique des élèves grâce au jeu, mais aussi grâce à une composante importante de la littératie scolaire : les œuvres littéraires de fiction.
Sophie Golay Gasser, quant à elle, présente les journées « jeux » organisées à la HEP BEJUNE, qui permettent à des classes des écoles proches de découvrir différents jeux permettant d’exercer sa dexterité, sa mémoire ou qui, à l’instar de Fabulia, constituent des vecteurs intéressants pour entrer en littérature.
Enfin, Claudia Roth décrit un environnement d'apprentissage qui permet aux futur·es enseignant·es du primaire de remettre en question et de modifier de manière critique leurs idées sur la lecture dans les cours d'allemand.
Anne Monnier et Christine Tresch