Les métatextes regroupent l’ensemble de commentaires relatifs à un autre texte. Qu’ils soient écrits ou oraux, il en existe une grande variété. Avec internet, nous les trouvons dans les commentaires oraux ou écrits d’un « chat » ou dans une performance  « booktubing ». Dans le domaine de la formation, ils peuvent porter sur les annotations des copies d’un élève ou sur les rapports de stage. De la paraphrase, aux commentaires de textes littéraires, au discours préfaciel,  à la synthèse d’articles, aux chapeaux dans les journaux, à la pratique d’une archiviste, ils concernent des pratiques langagières quotidiennes. Mais peu prestigieux, ces écrits passent souvent inaperçus.

Les métatextes peuvent ainsi questionner le feuilleté textuel qui expliquerait tel ou tel choix linguistique ; la paraphrase peut servir à formuler ce qu’un élève a compris d’un texte et devenir un outil d’évaluation des apprentissages de l’écriture et de la lecture ; la préface peut nous aider à identifier un destinataire, un témoin du texte écrit et repérer des indices qui concourent à la compréhension de « l’entour » du texte principal. Les notices de classement de livres peuvent référencer des livres qui seront utiles aux usagers. Ces métatextes sont donc bien utiles. Ils questionnent leurs liens, leur regroupement et leurs destinataires…
Leurs usages sont identifiés dans différents champs et différents lieux sociaux ; en retours, ils contribuent ainsi à questionner et à faire évoluer ces différents lieux dans leurs pratiques, leurs questionnements, leurs « objets ». Ils ont une fonction indégnable de médiation (psychologiques, sociales, culturelles, didactiques, professionnelles).  

Analyser, commenter, expliquer, s’approprier, décrire, questionner, interpréter, associer, formuler, classer, se souvenir… S’arrêter sur ces textes peut nous apporter des éléments fort dans ce qui se joue dans ces écrits.

Le numéro 2/17 de forum lecture propose une variété d’écrits métatextuels. Il explore les questions suivantes :

• Comment fonctionnent les métatextes ? A quels autres textes renvoient-ils ? Combien ? Sont-ils produits avant ou après le métatexte ? Comment choisir ces textes ? Ont-ils un nom ? Est-ce que leur regroupement porte un nom ?
• Quelles fonctions et quels statuts ont les métatextes dans les lieux d’usages en question ? Qui a recours à cette notion ? Pour quelles conséquences ?
• Quel rôle jouent- ils dans le cadre scolaire ? Comment articulent-ils l’écrire et le lire mais aussi l’apprendre, dans quelles disciplines ?
• Quels métatextes sont présents dans les loisirs des adolescents ?
• Avec les technologies numériques, est-ce que nous constatons des nouvelles formes qui émergent ? Quel potentiel peut-on identifier de ces nouvelles pratiques ?

Dans ce numéro, nous aurons quelques réponses :
Dans le monde littéraire, Flancine Clavien-Fallenbacher définit les métatextes d’auteurs. Elle prend en compte la réalité instable du milieu, selon l’évolution incessante des technologies et des pratiques littéraires. Elle propose une nouvelle catégorisation de types métatextuels (préface, journal, etc.) et reprend la notion de « posture » d’auteurs.
Dans le cadre scolaire, Bertrand Daunay analyse une évaluation les itemps et l’énonciation d’une enquête internationale (PISA) et nous donne à voir ses enjeux pour l’enseignement et les élèves. Il décortique et discute les unités concernant des textes littéraires et l’interprétation effectuée par les élèves.
Dans le monde de la formation dans des institution tertiaire, et plus précisément dans le cadre d’unités de formation à la recherche, il est fréquent de devoir demander aux étudiant.e.s de lire des textes scientifiques, de structurer des notes, d’en effectuer des synthèses pour nourrir une réflexion individuelle (mémoire professionnelle) ou collective (groupe d’analyse de pratiques). Suzanne-G. Chartrand, Thomas Lindauer & Linda Leutwiler, Afra Sturm nous donnent des clefs pour mener à bien ces tâches.
Le monde social nous offre aussi des pratiques pertinentes pour notre numéro. Aurélie Cardinaux, nous convie dans sa pratique d’une archiviste qui « tisse » des liens entre les documents, les créateurs de ces documents et leurs utilisateurs en tout lieu et en tout temps. Elle nous présente des documents, des méthodologies pour permettre de situer, de comprendre et de retrouver le sens des documents rassemblés et conservés. Martin Rehfeldt nous propose un regard sur des productions de clients d’une plateforme d’achat de livre.

Bonne lecture

Carole-Anne Deschoux, Dieter Isler et Christine Tresch